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un étroit défilé appelé Col de la Chambotte, du nom de la montagne elle-même, défilé sur lequel l’imagination populaire a répandu ses contes fantastiques[1]. Le premier village que nous rencontrons à son extrémité est le hameau supérieur de la commune de Saint-Germain. De là. tournant à gauche, nous verrons bientôt briller, à trois kilomètres environ, la croix de l’église de Cessens, vers laquelle nous nous dirigerons. Arrivés au village, nous admirerons, posté sur la cime de la montagne, le château-fort qui le protégeait autrefois, et dont les vastes et solides ruines expliquent les combats livrés pour le posséder, et sa résistance aux injures du temps et de l’abandon ; nous jetterons encore un regard sur les nombreux débris de la belle tour ronde, renversée par la foudre, il y a quelques années[2], et nous continuerons notre course vers le nord. Bientôt la voie modeste que nous battons nous aura conduits au sommet du versant oriental d’une gorge étroite, descendant par une série d’oscillations jusqu’à la plaine de Rumilly, et creusée au pied de la montagne qui s’élève devant nous à l’ouest. Au fond de cette gorge serpentent un petit cours d’eau, gracieusement ombragé par des aulnes et des charmes, et, à côté, un large sentier qui en suit tous les détours.


Nous avons quitté l’église de Cessons depuis vingt minutes et nous atteignons à une bifurcation de notre route. Une de ses branches, plus resserrée, côtoie la montagne

  1. On entend répéter dans les environs que ce passage est dû à l’action du vinaigre qu’y ont versé les Romains. L’existence d’une voie romaine, dans cet endroit, est indiquée par Albanis Beaumont : Alpes Cottiennes et Pennines, carte. L’idée du vinaigre employé connue moyen de diviser les roches se retrouve, comme celle des grottes de fées, dans beaucoup de localités montagneuses.
  2. Le 9 mai 1862.