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à l’ouest et va rejoindre le village des Topis ; l’autre, gardant le fond du vallon, se prolonge par le village des Granges jusqu’à Rumilly. Entre ces deux chemins s’étend un plateau légèrement tourmenté, d’une superficie d’environ deux hectares et appelé le plateau de Paquinôt. Là s’élevait l’ancien monastère d’Hautecombe.

Le sol, occupé autrefois par ces constructions, appartient depuis plusieurs générations à la famille Bontron dit Topis, dont le représentant actuel m’a transmis les détails suivants :

Il y a une centaine d’années, m’affirmait-il, son aïeule, alors toute jeune, se promenait encore sur des pans de murs de l’ancienne abbaye. On pouvait alors en retracer les principales divisions. Depuis cette époque, la charrue a sillonné cet antique asile de la prière, et, dans ses envahissements successifs. elle a souvent mis a jour divers objets en fer et même des pièces de monnaie. Plus récemment, en 1840, le même propriétaire, en faisant opérer un défoncement, détruisit une grande partie des fondations du monastère, détourna une source abondante surgissant au milieu, et dont la fraîcheur peut encore désaltérer le passant. Il m’indiqua même un repli du sol, dans la partie sud du plateau, où furent trouvés de nombreux ossements attestant par leur réunion l’existence d’un cimetière ; et, tout près de là, le long du ruisseau qui court au fond de la vallée, il découvrit, dans les derniers mouvements de terrain qu’il opéra, les traces d’un four à chaux. Enfin, même aujourd’hui, quand un soleil trop ardent dessèche les cultures, on peut suivre dans les champs de blé la direction des anciens murs. Des lignes d’épis pâles et étiolés indiquent que là subsistent encore des matériaux enfouis, il y a bientôt neuf siècles, par de pieux cénobites.