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pendant vingt-cinq ans, c’est qu’au moment où il avait été pourvu de ce bénéfice, situé en France, le marquisat de Saluces dépendait de cet État. En outre, il n’était point gradué, ni en droit, comme son prédécesseur, ni même en aucune autre science. Aussi, il n’osa point requérir son entrée au Sénat sans des lettres patentes spéciales du souverain.

Déférant à sa demande, Charles-Emmanuel lui en octroya de Turin, le 26 mars 1606. Par ces lettres, il ordonne à la compagnie de recevoir l’abbé d’Hautecombe parmi ses membres, en son rang, le relevant de toute incapacité tirée soit de son origine, n’étant point des « sujets naturels » du duc de Savoie, soit de ce qu’il n’était gradué en aucune faculté ; et ce « pour cette foys tant seullement et sans le tirer en aulcune conséquence. » Mais il entend que ses volontés soient exécutées de suite « sans attendre aucune jussion ny commandement, voullant ces présentes servir de premier, second, troysiesme et péremptoire. Car tel est nostre playsir[1]. »

Cette formule impérative et sacramentelle brisait toute opposition et toute remontrance. Ce ne fut cependant que le 4 décembre suivant que l’abbé d’Hautecombe fut reçu au Sénat. Il fut introduit par les sénateurs Crassus et Charpenne, prêta le serment accoutumé et prit séance[2].

Il paraît s’être peu préoccupé de son abbaye[3]. Mais nous le trouvons ambassadeur ordinaire de Charles-Emmanuel auprès de la république de Venise ; nous le voyons

  1. Voir Documents, n° 49.
  2. Archives du Sénat, Registre des entrées, 1605.
  3. La bibliothèque Costa, sous le n* 1227, possède un ascensement des revenus de l’abbaye, fait par lui le 15 novembre 1609, pour le prix de 450 livres de France.