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chargé de négocier le mariage de Victor-Amédée avec la fille d’Henri IV. Ce prince avait eu la pensée de sceller l’alliance de sa maison avec celle de Savoie par l’union de sa fille aînée, Élisabeth, avec l’héritier de Charles-Emmanuel. Sa mort inopinée, en 1610, avait anéanti ce projet. Quelques années plus tard, suivant Guichenon, Sylvestre de Saluces reprit les négociations pour allier le prince de Piémont à la seconde fille d’Henri IV, la princesse Christine. Ce nouveau projet, arrêté par d’autres vues, fut ensuite repris et confié, en dernier lieu, aux soins du cardinal Maurice de Savoie, à qui on adjoignit, entre autres personnages, le président Favre et saint François de Sales. Ce mariage, béni dans une chapelle privée du Louvre, le 10 février 1619, le jour même où Christine accomplissait sa 13e année, donna lieu à des fêtes célèbres, tant à Paris qu’à Turin. « Dans toutes les villes et villages de la Savoie et du Piémont, pendant trois jours, on ne vit que processions publiques, feux de joie et d’artifice, partout on entendait tirer le canon[1]. ». Cette nouvelle épouse était la princesse appelée plus tard Madame Royale Christine de France, et qui, régente pendant onze ans, d’une grande distinction, exerça une profonde influence dans les affaires publiques durant toute sa vie.

Sylvestre de Saluces fut mêlé au gouvernement de Victor-Amédée, devenu duc en 1630, comme il l’avait été à celui de Charles-Emmanuel. Il portait le titre de comte de Lecco et possédait le château de Versolier (Verzolo), dont la magnificence n’avait pas d’égale dans tout le Piémont[2]. Mort à Chambéry, le 29 septembre 1636, il fut enseveli sous le cloître d’Hautecombe.

  1. Mercure françois, année 1619.
  2. Della Chiesa, Relazione del Piemonte.