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de conventions intervenues entre Marelli et les religieux, il fut réduit à dix-sept[1]. En 1706, il n’y avait plus à Hautecombe que dix religieux[2], et ce nombre continua à se réduire, comme nous le verrons.

La décadence de la communauté marchait donc d’un pas rapide, et l’abbé commendataire n’avait grand souci de la voir refleurir. Il habitait Chambéry ou le Piémont et s’inquiétait peu de la vie intérieure du monastère. Au point de vue de ses intérêts matériels, il devait même désirer son dépérissement ; moins il y aurait de moines, moins nombreuses seraient les prébendes à fournir. Il est vrai qu’aux termes des règlements, les prébendes, une fois fixées, devaient être acquittées, indépendamment du nombre réel des religieux ; mais, en pratique, elles ne se payaient que proportionnellement au nombre de religieux existant effectivement dans le monastère.

Les mêmes motifs devaient engager l’abbé commendataire à ne point réparer ni réédifier les bâtiments en ruines, afin d’en éloigner les religieux actuels et de décourager les recrues. Ainsi, à ce double point de vue, il y avait opposition entre lui et la communauté ; il était directement intéressé à la décadence de la vie monastique de son abbaye. Telles sont les conséquences aussi étranges que

  1. L’accord de 1608 fut enregistré au Sénat, sur la demande de la communauté, en 1646. Celui de 1698 fut passé, à Chambéry, devant Me Verdet, notaire, et se trouve au greffe du tribunal, section du tabellion, vol. Ier de 1698, f° 245.
  2. Voici leurs noms : Gratien, prieur ; Béard, Lalive, Bouvier, Pegaz, Deperès, Masson, Riondet, Mathieu, frère Bourgeois.
    Le procureur Deperès réclamait pour eux treize pensions, en comprenant les pensions doubles du prieur et d’un autre religieux, plus celles des étrangers. Quelques-unes étaient contestées par l’abbé. (Archives du Sénat, armoire n° 6.)