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La guerre ne se fit pas longtemps attendre. Les compétitions soulevées par la succession au trône d’Allemagne, laissé vacant par la mort de Charles VI, mit toute l’Europe sous les armes. Le roi de Sardaigne embrassa le parti de Marie-Thérèse, et bientôt la Savoie vit succéder à trente ans de paix la plus douloureuse invasion qu’elle ait jamais subie. Pendant sept années, elle fut foulée sous le pied des armées espagnoles, épuisée par leurs exactions, et son sol fut rougi par le sang de nombreux combats. Rendue à son souverain par le traité d’Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748), elle ne fut évacuée que le 11 février suivant, et les meurtrissures qu’elle avait reçues furent si profondes, qu’elles alimentent encore aujourd’hui les tradition : locales.

Le monastère d’Hautecombe avait été forcément délaissé pendant cette guerre. Non-seulement il avait vu sa restauration interrompue, mais, en outre, il avait dû payer des impôts extraordinaires prélevés, à raison des nécessités des temps, sur les biens de l’ancien patrimoine ecclésiastique, malgré l’exemption de toute contribution dont ces biens jouissaient par ancien privilège récemment renouvelé[1].

Charles-Emmanuel III n’abandonna point cependant ses anciens projets. Les troupes espagnoles avaient à peine quitté le sol savoisien, qu’il chargeait « son vassal Ferraris, intendant général, dela les monts, » de veiller à la reconnaissance des droits de l’abbayec en remplacement du comte Bonaud. Peu de jours après, le 2 juin 1749,

  1. Parmi les actes que nous connaissons de cette époque, nous en rapportons un aux Documents, no 59, du 28 juin 1716. C’en un abandon fait par Prudent Piollet, en faveur de l’abbaye, de terre chargées d’un grand nombre de redevances et dont l’énumération donne quelque intérêt à cette pièce.