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de Chablais, il arriva à Chambéry au milieu d’un immense et enthousiaste concours de populations[1].

A l’exemple de son prédécesseur, il voulut visiter les différentes parties du duché et témoigna par une résidence prolongée la sympathie qu’il portait à ses habitants. Le 29 juillet, la cour se rendit à Aix-les-Bains, où le souvenir de Victor-Amédée III restait profondément gravé[2], et de là elle se transporta sur la rive du lac. Arrivées au port de Puer, les voitures s’arrêtèrent ; le roi et sa suite mirent pied à terre et se rendirent sur la berge. Là, sous un ciel qui n’avait jamais été plus beau, sondant l’espace d’un regard attristé, le roi contempla longtemps une vaste ruine s’élevant sur la rive opposée et cachant sous des draperies de ronces et de lierres les restes mortels de ses ancêtres.

Sa résolution était prise. De retour à Chambéry le même jour, il appela, dés le lendemain, le marquis d’Oncieu et lui confia ses intentions de relever l’abbaye d’Hautecombe. Le même jour, le confident de Charles-Félix parvint à s’entendre avec le propriétaire d’Hautecombe, et, le 28 août, le chevalier Thomas Ferrero de La Marmora achetait, au nom du roi, tout ce que la famille Landoz possédait des anciennes propriétés de l’abbaye, pour le prix de 80,000 livres. Charles-Félix acquitta, en outre, à l’économat le capital d’une rente dont était grevée la forêt

  1. Voici comment les voyages de nos souverains s’opéraient à cette époque : On partait de Turin le matin, on dînait à Rivoli et couchait à Suse ; le deuxième jour, dîner à l’hospice du Mont-Cenis, coucher à Lanslebourg ; le troisième, dîner à Modane, coucher à Saint-Jean de Maurienne ; le quatrième, dîner à Aiguebelle et arrivée vers le soir à Chambéry.
  2. On sait que ce souverain avait fait construire un établissement thermal remplacé par celui que l’on remarque aujourd’hui, élevé de 1859 à 1863.