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Le 9 août 1826, Charles-Félix quitta Hautecombe, où il était demeuré une semaine. Dix jours après, Leurs Majestés assistaient, à Annecy, à la translation solennelle des reliques de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal dans l’église du monastère de la Visitation de cette ville, puis elles se rendirent en Tarentaise.

Le roi de Sardaigne ne voulut point repasser les Alpes sans revoir sa chère abbaye. Il y résida de nouveau avec la reine et sa petite cour pendant plusieurs jours, du 31 août au 6 septembre, et reçut, alors une ovation d’un caractère tout spécial.

Dés qu’on apprit à Chambéry le projet de ce départ pour Hautecombe, les administrateurs de la ville voulurent porter leurs hommages à leur souverain jusque sous les murs de sa retraite, et conçurent l’idée de simuler un combat naval en souvenir de l’expédition de Tripoli, où, le 17 septembre précédent, la flotte sarde avait glorieusement vengé l’honneur national. Quarante bateaux pavoises, les uns aux couleurs blanches, les autres aux couleurs bleues, portant une espèce de fanal à l’avant, furent réunis au port de Puer et divisés en deux flottilles. Une batterie de quinze boîtes fut placée sur un roc qui forme une presqu’île en regard d’Hautecombe. Les deux escadres, parties du port à six heures du soir, montées par 200 chasseurs de Nice, s’avancèrent en ligne jusque sous les murs du monastère. Là, une vive fusillade s’engagea, un brûlot préparé prit feu et éclaira de ses vastes flammes ce spectacle inconnu sur les eaux paisibles du lac. La batterie joignit alors le bruit de ses détonations à celui des tambours, aux sons de la musique militaire et aux acclamations de la foule qui couvrait la plage. Charles-Félix assista, depuis les fenêtres de son appartement, à cette fête magi-