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chirent les murs du monastère. Les religieux coururent un danger sérieux. Voisins de la frontière française, et plus voisins encore d’une population dont les sympathies étaient aussi suspectes que du temps d’Amédée d’Hauterive, ils crurent à une invasion de leur demeure dans la nuit du 3 au 4 avril. Une vingtaine d’habitants de la commune de Saint-Pierre de Curtille, passèrent la nuit tout armés sous les marronniers de la fontaine intermittente et ne se dispersèrent qu’à l’apparition de la dernière brigade de gendarmerie restant de ce côté-ci des Alpes, qui avait couché à Hautecombë, en allant rejoindre l’armée dans les plaines de la Lombardie.

Le Père abbé, dont les facultés mentales ne pouvaient résister à ces émotions, dut quitter l’abbaye, et mourut dans sa famille, à Saint-Pierre d’Albigny, vers la fin d’août 1853.

Un religieux qui portait dans le monde le nom de Justin Gotteland, né à Saint-Baldoph, vers la fin du siècle dernier, d’abord militaire sous le premier empire, puis capucin au couvent de la Roche, entré au noviciat d’Hautecombe le 31 mars 1834, et qui prit en religion le nom de dom Charles, fut appelé à diriger le monastère, d’abord en qualité de prieur claustral, puis en vertu de pouvoirs spéciaux qui lui furent conférés par le Père Bottine, abbé de Mondovi[1], communauté à laquelle était rattachée celle d’Hautecombe. Dom Charles consena ces prérogatives jusqu’en 1851. À cette époque, le nouveau président général de l’Ordre, le Père Morsi, successeur de Marchini, fit une visite à Hautecombë et nomma aux fonctions de

  1. Cet abbé, après avoir été procureur général de l’Ordre, à Rome, devint, à la suite du chapitre général de 1843, vice-président général pour les monastères du Piémont et procureur apud regem.