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CHAPITRE II


Saint Bernard prêche la deuxième croisade. — Amédée d’Hauterive, régent des États de Savoie. — Mort d’Amédée III en Orient.

Amédée d’Hauterive eut pour successeur sur le siège abbatial d’Hautecombe, Rodolphe, que nous ne connaissons guère que de nom, bien qu’il ait dirigé le monastère probablement pendant une quinzaine d’années. Si, pendant cette période, nous avons peu de choses à dire sur la vie intime de cette maison, nous en serons dédommagé par le récit des grands événements qui remuèrent alors l’Europe et auxquels furent mêlés les augustes personnages qui présidèrent à la création de notre abbaye.

Vers la fin de l’année 1144, la ville d’Édesse, principal boulevard de la chrétienté en Orient, fut prise, après un horrible massacre, par le sultan de Bagdad. Sa chute laissait Jérusalem sans défense et l’œuvre de la première croisade allait être anéantie.

Cette triste nouvelle arriva en France au commencement de 1145. Malgré tout l’effroi qu’elle excita, elle semblait impuissante à provoquer une seconde expédition, tant les maux soufferts par les premiers croisés et les difficultés de l’entreprise étaient encore présents à tous les esprits.

Néanmoins, le pape Eugène III n’hésita pas : il s’adressa directement au jeune roi de France », Louis VII, par une let-