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tre où il rappelle avec enthousiasme la valeur des intrépides guerriers du royaume des Francs, qui ont conquis le tombeau du Christ, espérant que leur héroïsme n’a pas dégénéré.

Ces paroles trouvent un écho sympathique dans la conscience du roi : une assemblée générale des évêques et des grands du royaume est convoquée à Vézelay ; le pape, ne pouvant aller la présider, délègue, pour le remplacer, l’abbé de Clairvaux. Dès lors, saint Bernard met tout son zèle à préparer cette importante réunion : lettres, voyages, supplications, rien ne fut négligé ; et quand les fêtes de Pâques arrivèrent, un immense concours de fidèles avait répondu à son appel.

Vézelay était une petite ville du comté de Nivernais. Aucune église ni place publique n’aurait pu contenir la foule innombrable de personnes de toute condition qui s’y rendaient. On choisit le versant d’une colline voisine pour lieu de réunion et on y éleva une vaste tribune en bois. Au jour fixé, saint Bernard y monta, ayant à ses côtés le jeune Louis VII, déjà marqué de la croix ; au-dessous d’eux, se trouvaient la reine Éléonore, les grands vassaux, un nombre considérable de prélats, de chevaliers, d’hommes d’armes de toute condition et une foule immense de serfs et autres personnes. Les accents inspirés de saint Bernard furent bientôt interrompus par le cri général : la croix ! la croix ! Le roi lui-même prend la parole et toute l’assemblée répète avec lui : Dieu le veut !

À l’exemple de Louis VII, la reine, plusieurs évêques, un grand nombre de seigneurs, réclament la croix et se pressent autour de la tribune. La provision de ces emblèmes préparés à l’avance étant épuisée, saint Bernard déchire ses propres vêtements, en fait des symboles de la