Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

munauté des biens & l’égalité des conditions, ne pouvoit guère trouver des partiſans que dans le peuple. Les payſans l’adoptèrent avec d’autant plus d’enthouſiaſme & de fureur, que le joug dont il les délivroit étoit plus inſupportable. Condamnés la plupart à l’eſclavage, ils prirent de tous côtés les armes pour accréditer une doctrine qui, de ſerfs, les rendoit égaux aux ſeigneurs. La crainte de voir rompre un des premiers liens de la ſociété, qui eſt l’obéiſſance au magiſtrat, réunit contre eux toutes les autres ſectes, qui ne pouvoient ſubſiſter ſans ſubordination. Ils ſuccombèrent ſous tant d’ennemis, après avoir fait une réſiſtance plus opiniâtre qu’on ne devoit l’attendre. Leur communion, quoique répandue dans tout l’empire & dans une partie du Nord, ne fut nulle part dominante ; parce qu’elle avoit été par-tout combattue & diſpersée. À peine étoit-elle tolérée dans les contrées où l’on permettoit la plus grande liberté de créance. Dans aucun état elle ne put former une égliſe autorisée par la légiſlation civile. Ce fut ce qui l’affoiblit, & de l’obſcurité la fit tomber dans le mépris. Son uni-