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des deux Indes.

& fait au premier ſignal une loi de tuer on de mourir ; achève de changer en eux ces ſentimens en principes, & en fait pour ainſi dire la morale de leur état. Il n’en eſt pas de même en Angleterre. L’influence de la conſtitution eſt ſi forte, qu’elle s’étend même ſur les troupes. Un homme y eſt citoyen avant d’être ſoldat. L’opinion publique d’accord avec la conſtitution honore l’un de ces titres, & fait peu de cas de l’autre. Auſſi voit-on par l’hiſtoire des révolutions arrivées dans cette iſle ſi orageuſe, que le ſoldat Anglois, quoiqu’engagé pour ſa vie, conſerve pour la liberté politique une paſſion dont on ſe feroit difficilement l’idée dans nos contrées d’eſclavage.

Comment l’ardeur qui manquoit aux troupes Britanniques auroit-elle animé les Heſſois, les Brunſwickois, les autres Allemands rangés ſous les mêmes drapeaux, tous également mécontens des ſouverains qui les avoient vendus, mécontens du prince qui les avoit achetés, mécontens de la nation qui les ſoudoyoit, mécontens de leurs camarades qui mépriſoient en eux des mercenaires ? Ces braves gens n’avoient pas