Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/340

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épousé dans leur cœur une querelle à laquelle ils étoient abſolument étrangers. D’ailleurs ils avoient auſſi dans le camp ennemi des frères auxquels ils craignoient de donner la mort, de la main deſquels ils n’auroient pas voulu recevoir des bleſſures.

L’eſprit des armées Angloiſes avoit encore changé par une ſuite de la révolution arrivée depuis quinze ou dix-huit ans dans les mœurs de leur nation. Les ſuccès de la dernière guerre ; l’extenſion que le commerce avoit reçu après la paix ; les grandes acquiſitions faites dans les Indes Orientales : tous ces moyens de fortune avoient accumulé ſans interruption des richeſſes prodigieuſes dans la Grande-Bretagne. Ces tréſors allumèrent le déſir de nouvelles jouiſſances. Les grands en allèrent puiſer l’art dans les pays étrangers, ſur-tout en France, & en empoiſonnèrent leur pays. Des conditions ſupérieures, il ſe répandit dans toutes les claſſes. À un caractère fier, ſimple & réſervé, ſuccéda le goût du faſte, de la diſſipation, de la galanterie. Les voyageurs qui avoient anciennement viſité cette iſle ſi renommée, ſe croyoient ſous un autre ciel. La con-