Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/100

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fait beaucoup à l’établissement de la paix, en tant que mettant nous-mêmes en exécution ce dont on est convenu, nous montrons bon exemple aux autres, et que les pactes seraient fort inutiles, si on ne les accomplissait. Puis donc que l’observation de la foi promise est très nécessaire à se procurer le bien de la paix, la loi de garder les pactes sera un précepte de la loi naturelle.


II. Il n’y a en ceci aucune exception à faire des per­sonnes avec lesquelles nous contractons, comme si elles ne gardent point leur foi aux autres, ou même n’estiment pas qu’il la faille garder, et sont entachées de quelque autre grand défaut. Car celui qui contracte avec elles, dès là montre que tout ce qu’il y a à reprendre en elles ne lui semble pas digne d’empêcher son action : et ce serait d’ailleurs une chose contre le bon sens, que de faire de gaieté de cœur une formalité inutile. C’est tomber en contradic­tion que de dire qu’un contrat n’est pas à observer, et ne laisser pas cependant de le faire ; car en contractant on avoue tout le contraire. Mais pour éviter une telle absur­dité, il faut ou garder la foi promise à qui que ce soit sans exception, ou ne pas la promettre, c’est-à-dire ou déclarer ouvertement la guerre, ou maintenir une paix assurée et inviolable.


III. Faire une injure, c’est proprement fausser sa parole, ou redemander ce qu’on a donné. Elle consiste en quelque action, ou en quelque omission.