Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autre chose que des maximes du bon sens ; de sorte que si quelqu’un ne tâche de se conserver la faculté de bien rai­sonner, il ne peut pas les observer ; il est manifeste que celui qui fait à escient des choses qui obscurcissent l’usage de la raison, se rend de gaieté de cœur coupable envers les lois de nature. Car il n’importe que quelqu’un manque à son devoir, ou qu’il s’occupe de son bon gré à des choses qui l’empêcheront de le faire. Or est-il que ceux-là pervertissent leur raison, qui font des choses dont ils se troublent la raison, et tirent leur âme de son assiette naturelle, comme il arrive manifestement à ceux qui s’adon­nent à l’ivrognerie, et qui s’ensevelissent dans le vin et les viandes. Donc l’ivro­gnerie pèche contre la vingtième loi de nature.


XXVI. Peut-être que quelqu’un, qui aura remarqué l’artifice avec lequel les règles précédentes sont tirées de cette maxime fondamentale de la raison, qui nous porte naturellement à procurer notre conservation, me dira que la déduction de ces lois est si malaisée, qu’il ne faut pas s’imaginer que le vulgaire les puisse connaître, et que par conséquent elles ne l’obligeront pas. Car les lois n’obligent, et ne sont proprement lois qu’en tant qu’elles sont connues. A cela je répondrai, qu’il est vrai que l’espérance, que la crainte, la colère, l’avarice, l’orgueil, et les autres perturbations de l’âme empêchent, tandis qu’elles dominent,