Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas en prêtant leur consentement quand il s’agit de fuir ou de poursuivre quelque chose, de diriger leurs actions à une fin commune et de maintenir leur troupe en une si grande tranquillité, qu’on n’y voit jamais arriver de sédition, ni de tumulte. Leurs assemblées pourtant ne méritent point le nom de sociétés civiles, et ils ne sont rien moins qu’animaux politiques ; car la forme de leur gouvernement n’est que le consentement ou le concours de plusieurs volontés vers un même objet ; et non pas (comme il est nécessaire en une véritable société civile) une seule volonté. Il est vrai qu’en ces créatures-là dénuées de raison, et qui ne se conduisent que par les sens et les appétits, ce consentement est si ferme, qu’elles n’ont pas besoin d’autre ciment pour maintenir entre elles la concorde et rendre leur bonne intelligence éternelle. Mais il n’en est pas de même des hommes ; car, premièrement, il y a entre eux une certaine dispute d’honneur et de dignité, qui ne se rencontre point parmi les bêtes. Et comme de cette contestation naît la haine et l’envie, aussi de ces deux noires passions viennent les troubles et les guerres qui arment les hommes les uns contre les autres. Les bêtes n’ont rien à craindre de ce côté-là. Secondement, les appétits naturels des fourmis, des abeilles, et de tels autres animaux, sont tous conformes, et se portent à un bien commun, qui ne diffère en rien de leur bien particulier :