Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/179

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juridiction de la loi civile et dépend des ordonnances publiques. »


XVII. La plupart des hommes supportent si impatiemment la souveraineté et la puissance absolue, que même les noms leur en sont odieux. Ce qui arrive en partie, faute de bien connaître le naturel des hommes et de bien entendre les lois de nature ; en partie aussi par le défaut de ceux qui, élevés au commandement, abusent de l’auto­rité qu’on leur a donnée et ne s’en servent que pour assouvir leurs passions déréglées. De sorte que quelques-uns croyant d’éviter la puissance souveraine, pensent qu’il suffit pour établir une bonne police, que les citoyens étant demeurés d’accord en leur assemblée de certains articles, ils en commandent l’observation et tiennent la main à ce que les contrevenants soient punis. Qu’à cet effet, et pour se défendre de leurs ennemis, il leur suffit d’imposer un certain revenu limité, à condition que s’il n’est bastant, on l’augmentera en une nouvelle assemblée. Mais n’est-il pas bien aisé de remarquer qu’en cette sorte de république, l’assemblée, qui a fait cette ordonnance, a eu une puissance absolue ? D’ailleurs je dirai que, si cette assemblée demeure toujours debout, ou est convoquée de temps en temps, à certain jour et en certain lieu, c’est une puissance perpétuelle. Et si en se séparant elle est entièrement dissoute ; ou la société civile est aussi rompue et on retombe dans l’état