Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/180

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de guerre ; ou bien il demeure encore sur pied quelque puissance pour faire observer les lois, ce qui ne peut pas être sans qu’il reste quelque titre de souveraineté. Car là où il se trouve une autorité légitime assez grande pour contraindre tout un peuple à l’obéissance, il y doit avoir une puissance telle qu’on n’en peut pas donner une plus absolue.


XVIII. Il est donc manifeste qu’en toute société civile il se trouve un certain homme, ou bien une certaine cour et assemblée, qui a sur les particuliers une aussi gran­de et aussi juste puissance, que chacun en a hors de la société sur sa propre person­ne ; ce qui revient à une autorité souveraine et absolue, aussi vaste et étendue que les forces de la république le permettent. Car, si la puissance de la république était limitée d’ailleurs, il faudrait de nécessité que ce fût par une puissance supérieure ; d’autant que celui qui prescrit des bornes est plus puissant que celui auquel elles sont prescrites. Mais je demanderai, si cette dernière autorité qui fait la loi à l’autre, n’en reconnaît point elle-même au-dessus de soi ; et enfin, je remonterai jusqu’à une puissance suprême qui ne reçoit point de limites étrangères. Or, si elle est départie à plusieurs personnes, je nomme leur assemblée la cour souveraine, ou si elle est donnée à un homme, qui seul exerce la plus haute magistrature, il mérite le titre de