Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/192

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nt tenus en bride par quelques autres, ce qui ne se peut faire sans communiquer à ces derniers une partie de la puissance absolue, et par ce moyen, on divise plutôt qu’on n’apporte du tempérament à la souveraineté. »


V. Voyons maintenant ce que font ceux qui dressent un État de quelque sorte que ce soit. Ceux qui se sont assemblés pour former une société civile, ont dès là com­men­cé une démocratie ; car, en ce qu’ils se sont assemblés de leur bon gré, on suppose qu’ils se sont obligés à consentir à ce qui sera résolu par le plus grand nombre. Ce qui est proprement un gouvernement populaire, tandis que l’assemblée subsiste, ou qu’on assigne le temps et le lieu pour la convoquer ; et ce conseil-là retient une puissance absolue, dont la volonté est réputée comme celle de tous les particuliers. Or, en l’assem­blée dont nous parlons, chacun a droit de donner son suffrage, par conséquent elle est une juste démocratie, suivant la définition qui en a été mise au premier article de ce chapitre. Mais, si l’assemblée se dissout, et si l’on se sépare avant que de désigner le temps et le lieu où se fera une nouvelle convocation, on tombe dans l’anar­chie, et on retourne à l’état auquel on était avant qu’on se fût assemblé, c’est-à-dire à l’état de guerre perpétuelle de tous contre tous. Le peuple donc ne garde point la puissance souveraine, si ce n’est tandis qu’il convient du temps et