Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/193

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du lieu, auquel tous ceux qui voudront, se pourront trouver derechef à une nouvelle assemblée ; car, si cela n’est déterminé, les particuliers ne sauraient se rencontrer et ils se diviseraient en diverses factions. D’ailleurs, le peuple ne constituerait plus cette personne publique dont je parlais tantôt ; mais il deviendrait une multitude confuse, à qui on ne pourrait attribuer aucun droit ni aucune action. Il y a donc deux choses qui établissent une démocratie, l’indiction perpétuelle des assemblées, d’où se forme cette personne publique que j’ai nommée le peuple et la pluralité des voix, d’où se tire la puissance souveraine.


VI. De plus, il ne suffit pas au peuple, afin qu’il retienne une autorité suprême, que le temps et le lieu de la convocation des États soient déterminés, si les intervalles d’une assemblée à l’autre ne sont si courts, qu’il ne puisse point survenir entre deux d’accident capable de mettre la république en danger, faute d’une puissance absolue ; ou si on ne laisse cependant à un homme seul, ou à une certaine cour, l’usage de cette souveraineté empruntée. Car, si on ne le pratique de la sorte, on ne donne pas assez ordre à la défense et à la paix des particuliers ; et ainsi la société civile se dément et se bouleverse, vu que chacun, faute de trouver son assurance en l’autorité publique, est obligé de travailler à sa propre défense, par tous les moyens que sa prudence lui suggère.