Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/204

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perd la vie et la royauté tout ensemble ; de même le peuple qui s’est établi un monar­que temporaire et qui ne s’est pas réservé la liberté de convoquer de nouveaux États sans son ordre, a perdu entièrement sa puissance, a dissipé ses propres forces, s’est déchiré soi-même, et la souveraineté demeure irrévocablement à celui auquel il l’a donnée.


XVII. Si un roi a promis à quelqu’un de ses sujets, ou à plusieurs ensemble, quelque chose qui le peut empêcher d’exercer une puissance souveraine, cette promesse ou ce pacte est nul, encore qu’il l’ait confirmé par serment. Car le pacte est une transaction de certain droit, qui (suivant ce que j’ai dit au quatrième article du second chapitre), demande des marques suffisantes de la volonté du transacteur, et si l’acceptant témoigne valablement de sa part qu’il reçoit la fin qu’on lui promet, il déclare par-là qu’il ne renonce point aux moyens nécessaires. Mais celui qui a promis une chose requise à une autorité suprême et qui néanmoins retient cette autorité pour soi-même, il fait assez connaître que sa promesse a été conditionnelle, à savoir, en cas qu’il n’y allât point du droit de la souveraineté. Donc la promesse est nulle et demeure invalide, toutefois et quantes qu’il appert qu’on ne la peut pas exécuter sans lésion de la majesté royale.


XVIII. Nous avons examiné comment c’est que les hommes se sont obligés, par un instinct