Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/205

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naturel, d’obéir à une puissance souveraine qu’ils ont établie par leurs conventions mutuelles. Il faut maintenant que nous voyions de quelle façon ils peu­vent être délivrés du lien de cette obéissance. Cela peut arriver, premièrement, par une renonciation, c’est-à-dire lorsqu’un prince ne transfère pas à un autre son droit de souverain, mais tout simplement le rejette et l’abandonne. Car, ce qu’on néglige de la sorte, et qu’on laisse à l’abandon, est exposé au premier venu, et on introduit derechef le droit de nature, par lequel chaque particulier peut donner ordre comme il lui plaît à sa conservation propre. Secondement, si les ennemis s’emparent de l’État sans qu’on puisse résister à leur violence, le souverain voit périr devant ses yeux toute son autorité : car ses sujets ayant fait tous les efforts qui leur ont été possibles pour empêcher qu’ils ne vinssent entre les mains de leurs ennemis, ils ont accompli la promesse réciproque qu’ils s’étaient jurée d’une parfaite obéissance ; et même j’estime que les vaincus sont obligés de tâcher soigneusement de tenir la parole qu’ils ont donnée pour garantir leur vie. En troisième lieu, s’il ne paraît aucun successeur en une monarchie (car le peuple, ni les principaux de l’État, ne peuvent point défaillir dans les deux autres sortes de gouvernement) les sujets sont quittes de leur serment de fidélité : car, on ne peut pas s’imaginer que quelqu’un soit obligé, si l’on ne sait à qui, pour ce qu’il serait impossible