Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/220

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la femelle, que notre sexe puisse dominer sur l’autre sans rencontrer de la résistance. Ce que l’expérience a confirmé autrefois au gouvernement des amazones, qui ont conduit des armées et disposé de leurs enfants avec une puissance absolue. Et de notre temps n’avons-nous pas vu les plus grandes affaires de l’Europe régies par des femmes, je dis même en des États où elles n’avaient pas accoutumé d’être souveraines. Mais aux lieux où elles le sont suivant les lois, j’estime que c’est à elles, et non pas à leurs maris, de disposer de leurs enfants par droit de nature : car la souve­raineté (comme j’ai montré ci-dessus) les dispense de l’observation des lois civiles. Ajoutez à cela qu’en l’état de nature on ne peut point savoir qui est le père d’un enfant, si ce n’est par la disposition de la mère, de sorte qu’étant à celui que bon lui semble, il est tout premièrement à elle. Donc la domination originelle sur les enfants appartient à la mère ; et parmi les hommes, aussi bien que parmi les autres animaux, cette maxime des jurisconsultes, partus ventrem sequitur, que le fruit suit le ventre, doit être reçue.


IV. Mais la domination passe de la mère aux autres en diverses manières : pre­mière­ment si elle se sépare de son droit, ou si elle l’abandonne en exposant son fruit. Alors celui qui le retire et l’élève, entre dans ce même droit et prend l’autorité de la mère ; car, en l’exposition que la mère a faite, elle a comme ôté la