Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais cela n’arrive pas moins dans les États populaires, que dans la monar­chie. Témoin l’ostracisme, duquel on bannissait pour cinq ans à Athènes les princi­paux de la république, sans autre prétexte que celui de leur trop grande puissance ; et témoin encore cette plus grande sévérité des Romains, qui condamnaient à la mort leurs plus fidèles citoyens, nonobstant tous les services rendus, dès qu’ils voyaient que par quelque largesse ils affectaient de gagner les bonnes grâces du peuple, comme s’ils avaient prétendu à la souveraineté. Certes, la démocratie et la royauté ne sont pas moins coupables l’une que l’autre, et cependant elles ne sont pas dans la même réputation ; parce que c’est le peuple qui dispense la louange et le blâme sans beaucoup de considération du mérite, et en approuvant ce qu’il voit faire au plus grand nombre. D’où vient qu’en deux occurrences toutes semblables il accuse le roi d’envie, et loue la politique de l’État ; il croit que l’un voit de mauvais œil la vertu des grands, et que l’autre s’oppose judicieusement à leur trop grande puissance : c’est la même action, ce sont les mêmes maximes, et toutefois le vulgaire n’en tire pas les mêmes conséquences, et ne les rapporte pas à mêmes causes.


VIII. Il y en a qui estiment la royauté plus incom­mode que le gouvernement populaire, à cause qu’en celle-là, il se trouve moins de