Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/246

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liberté qu’en celui-ci. Mais, si par ce mot de liberté, ils entendent parler d’une exemption de la sujétion qui est due aux lois, c’est-à-dire aux ordonnances publiques, il n’y a aucune sorte d’État, non pas même la démocratie, où elle se rencontre. Et si l’on met la liberté au petit nombre des lois, ou en ce que peu de choses sont défendues, lesquelles il importait absolument d’être prohibées pour la conservation de la paix ; je soutiens que l’État populaire ne jouit point de plus de franchise que la monarchie, et que l’une ne s’accorde pas moins que l’autre avec cette sorte de liberté, Car, bien qu’on grave sur les tours et sur les portes des villes en gros caractères le nom de liber-té, elle ne regarde pourtant pas les particuliers, mais le corps de la cité ; et n’appartient pas davantage à une ville républi­caine, qu’à telle autre qui est dans le cœur du royaume. Mais d’ordinaire, quand les particuliers ou les sujets demandent la liberté, ils entendent par ce mot la domination ou la souveraine puissance, à quoi pourtant leur ignorance fait qu’ils ne prennent pas garde. Car, si chacun laissait aux autres, ainsi que les lois de nature l’exigent, la liberté qu’il désire pour soi-même, on reviendrait en l’état de nature, où toutes choses sont permises à tous et duquel, si l’on connaissait la misère, on l’éviterait, comme un état de liberté pire que la plus dure des sujétions politiques. Que si l’on souhaite d’être