Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/254

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comme nous lisons de Marcus Coriolanus, qui n’avait point de plus solide plaisir, après ses grands exploits en la conduite des armées, que de voir sa mère ravie d’entendre ses louanges. Mais, si sous une démo­cratie, le peuple voulait laisser les délibérations touchant la guerre et la paix et la promulgation des lois, à un seul homme, ou à un conseil de fort peu de personnes, se contentant de la nomination des magistrats et des autres officiers, c’est-à-dire, ne se réservant que l’autorité sans se mêler du ministère, il faudrait avouer qu’en ce cas-là, la démocratie et la monarchie seraient en ce point égales.


XVI. Les avantages et les incommodités qui se rencontrent en une sorte de gou­ver­nement plus qu’en l’autre ne viennent pas de ce qu’il vaut mieux commettre l’empi­re ou l’administration des affaires publiques à un seul plutôt qu’à plusieurs, ou à plusieurs plutôt qu’à un seul. Car, l’empire consiste en la puissance et l’administration en l’acte du gouvernement ; or, la puissance est égale en quelque sorte d’État que ce soit ; et il n’y a de différent que les actes, c’est-à-dire que les mouvements et les actions de la république, suivant qu’elles procèdent des délibérations de plusieurs ou de peu de personnes, des sages ou des impertinents. D’où l’on peut concevoir que les avantages ou les désavantages du gouvernement ne doivent pas être attribués à celui