Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui tient dans l’État la souveraine puissance, mais à ceux qui en sont les ministres ; de sorte que rien n’empêche qu’une monarchie ne soit bien gouvernée, quoiqu’une fem­me ou qu’un enfant soient assis sur le trône, pourvu que ceux du ministère, desquels ils se servent, soient bien capables des affaires. Et ce que l’on dit communément : Malheur au royaume dont le roi est un enfant, ne signifie point que la condition d’une monarchie soit pire que celle d’un État populaire ; mais, au contraire, que les incom­modités d’un royaume ne sont que par accident ; d’autant que sous le règne d’un enfant, il arrive quelquefois que plusieurs poussés par l’ambition, se fourrent à toute force dans les conseils publics, ce qui cause dans l’État une espèce d’administration démocratique, d’où naissent tous les malheurs et toutes les calamités qui, la plupart du temps, accompagnent le gouvernement populaire.


XVII. Or, entre les preuves que la plus absolue monarchie est la meilleure de toutes les sortes de gouvernement, c’en est ici une très évidente, que non seulement les rois, mais aussi les républiques populaires et aristocratiques, donnent des géné­raux à leurs armées lorsque quelque guerre survient, et laissent leur puissance aussi absolue qu’elle le peut être (sur quoi il faut remarquer en passant, qu’un roi ne peut point donner à un général plus de puissance sur son armée, qu’il