Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’en exerce lui-même sur ses sujets). Donc, en un camp, la monarchie est la plus excellente de toutes les sortes de gouvernements. Mais, que sont autre chose plusieurs républiques, qu’autant de grandes armées, qui demeurent campées dans un pays, enfermées d’une large circonvallation et fortifiées sur la frontière par des garnisons et des places, où l’on est toujours en arme contre ses voisins ? Or, comme ces républiques voisines demeurant en cette posture ennemie, ne sont point soumises à une commune puissance ; la paix dont elles jouissent quelquefois n’est qu’une espèce de trêve, et leur état doit être tenu pour le vrai état de nature, qui est celui de guerre perpétuelle.


XVIII. Après tout, puisqu’il était nécessaire pour notre conservation d’être soumis à un prince ou à un État, il est certain que notre condition est beaucoup meilleure quand nous sommes sujets d’une personne à qui il importe de nous bien conserver. Or, cela arrive quand les sujets sont du patrimoine et de l’héritage du souverain car, chacun est assez porté naturellement à bien garder ce dont il hérite. Et de vrai, les richesses d’un prince ne consistent pas tant à l’étendue de ses terres et en l’argent de ses coffres, qu’au nombre et en la valeur de ses sujets ; ce qu’on peut remarquer en ce qu’on achète bien plus chèrement la seigneurie d’une petite ville fort marchande et fort peuplée, que celle d’