Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/281

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peur que l’industrie de ceux qui travaillent ne soit interrompue par l’incursion des ennemis : de sorte que la plainte de ceux qui imputent leur pauvreté aux subventions pour les nécessités publiques, n’est pas moins injuste, que s’ils se plaignaient que leur ruine vient de ce qu’il leur faut payer leurs dettes. Mais la plupart ne pensent pas à cela ; et il leur arrive, comme à ceux qui sont pressés de cette maladie que les médecins nomment l’incube et qui, provenant d’intempérance ou de replétion, ne laisse pas de faire imaginer aux malades que quelqu’un leur tient le pied sur le ventre et qu’il y a un grand fardeau qui les accable. Or, il est assez manifeste de soi-même, que ceux à qui il semble que toutes les surcharges et foules publiques tombent sur eux, inclinent à la sédition ; et que ceux-là se plaisent aux brouilleries, qui ne trouvent pas bien leur compte en l’état présent des affaires.


X. Il y a une autre maladie de l’âme qui est dangereuse à l’État et qui attaque ceux qu’un emploi considérable n’occupe point dans le grand loisir dont ils jouissent. En effet, tous les hommes aspirent naturellement aux honneurs et à se rendre remar­quables : mais ceux-là principalement ont ce désir, qui ne sont pas obligés de divertir leurs soins à la recherche des choses nécessaires à la vie. Car, à faute de meilleure occupation, ils emploient une partie du temps à discourir