Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/283

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il n’arrivera de leur part aucune révolte, ils dissimuleront et aimeront mieux endurer ce mauvais État, qu’un pire. Or, pour leur faire concevoir cette espérance de demeurer victorieux, il leur faut quatre choses préalables, le nombre, les moyens, l’assurance mutuelle et les chefs. Car, de résister au magistrat sans être en grand nombre, ce n’est pas émouvoir une sédition, mais se jeter dans le désespoir. Par les moyens, j’entends les armes, les munitions de guerre et de bouche et tout ce sans quoi le grand nombre ne peut rien entreprendre ; comme aussi tous ces moyens ne servent à rien, si dans le grand nombre on ne s’assure les uns des autres ; et si l’on ne se range sous un chef auquel on veuille obéir, non par obligation qu’on y ait à cause qu’on s’est soumis à son empire (car, en ce chapitre, j’ai supposé que cette sorte de personnes séditieuses ne savent pas si elles sont obligées au-delà de ce qui leur semble bon et juste pour leur particulier intérêt), mais parce que ce chef est estimé vaillant et grand capitaine et qu’il est poussé d’une même passion de vengeance. Si ces quatre circonstances favorisent des personnes ennuyées de l’état présent des affaires, et qui se rendent juges du droit de leurs actions, il ne leur manque plus qu’un homme turbulent, haut à la main, et factieux, qui donne le premier branle au trouble et à la sédition.