Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/284

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XII. Salluste nous dépeint Catilina, qui fut, à mon avis, l’homme du monde le plus propre à émouvoir des séditions, comme ayant assez d’éloquence, mais peu de sagesse. Auquel endroit il sépare judicieusement la sagesse de l’éloquence, donnant cette dernière à un homme né à troubler le monde, comme une pièce fort nécessaire à ce mauvais dessein ; et réservant l’autre pour ceux qui ne pensent qu’au bien de la paix. Or, il y a de deux sortes d’éloquence, l’une qui explique clairement et également les pensées et les conceptions de l’âme ; et qui se tire en partie de la considération des choses mêmes, et en partie d’une connaissance exacte de la force des paroles en leur propre signification ; l’autre qui émeut les affections de l’âme (comme l’espérance, la crainte, la pitié, la colère) et que l’on emprunte de l’usage métaphorique des paroles, qui est d’un merveilleux effet pour le mouvement des passions. La première bâtit son discours sur de vrais principes, et l’autre sur les opinions reçues, quelles qu’elles soient. Celle-là se nomme logique, et celle-ci rhétorique. L’une se propose la vérité pour sa fin et l’autre la victoire. L’une et l’autre a son usage. La première, dans les délibérations et la seconde, dans les exhortations. Car la logique ne doit jamais être séparée du bon sens et de la sagesse ; mais la rhétorique s’en éloigne presque toujours. Au reste, que cette puissante