Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

leurs sujets soient capables de les servir, tant des forces de leur corps, que de celles de leur esprit ; de sorte qu’ils seraient contre leur propre dessein et s’éloigneraient de leur but, s’ils ne tâchaient de leur procurer, non seulement ce qui leur est nécessaire pour vivre, mais ce dont ils ont besoin pour se fortifier et redresser leur courage.


V. Or, tous les princes croient qu’il importe grandement, surtout au salut éternel, quelles opinions on a de la divinité, et quel culte on lui rend. Ce qui étant supposé, on peut mettre en question, si les souverains, soit un seul, ou plusieurs qui gouvernent l’État, ne pèchent point contre la loi de nature, s’ils ne font proposer et enseigner à leurs sujets la doctrine et le culte qu’ils estiment nécessaires au salut éternel, et s’ils n’empêchent l’exercice des religions contraires ? Il est certain qu’en cela ils trahissent leur propre conscience et qu’ils veulent en tant qu’en eux est par cette connivence, la mort éternelle de leurs vassaux. Car, si leur volonté n’y condescendait pas, je ne vois point de raison pourquoi ils permettraient (vu qu’étant souverains on ne peut les contraindre) qu’on enseignât et qu’on fit des choses dont ils estiment qu’une damna­tion éternelle se doit ensuivre. Mais, je ne veux pas me mêler de soudre cette difficulté.


VI. Les commodités des sujets qui ne regardent que la vie présente, peuvent être