Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/294

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réduites sous quatre genres. 1. Qu’ils soient protégés contre les ennemis de dehors. 2. Que la paix soit entretenue au-dedans. 3. Qu’ils s’enrichissent autant que le permet la sûreté publique. 4. Qu’ils jouissent d’une innocente liberté. Car ceux qui gouvernent l’État, ne peuvent point contribuer davantage à la félicité publique, que d’éloigner les troubles des guerres civiles ou étrangères, afin que chacun puisse jouir en repos des biens qu’il s’est acquis par son industrie.


VII. Deux choses sont nécessaires à la défense du peuple : d’être averti et de se prémunir. Car l’état des républiques entre elles est celui de nature, c’est-à-dire un état de guerre et d’hostilités ; et si elles cessent quelquefois de combattre, ce n’est que pour reprendre haleine et cet intervalle n’est pas une véritable paix : car cependant les ennemis se regardent l’un l’autre avec fierté, observent leurs visages et leurs actions et ne mettent pas tant leur assurance sur les traités, que sur la faiblesse et sur les desseins de leur partie. Ce qui se pratique fort justement par le droit de nature, com­me je l’ai fait voir au deuxième chapitre, art. X, d’autant que les pactes sont invalides en l’état de nature, toutes fois et quantes qu’il y a sujet à une juste crainte. Il est donc nécessaire à la défense de la république, en premier lieu, qu’il y ait des personnes qui tâchent de découvrir tous les conseils et toutes les entreprises qui peuvent nuire à l’État ;