Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/297

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procurer le bien de leurs sujets, il s’ensuit que non seulement il leur est permis d’envoyer des espions, d’entretenir des soldats, de réparer des places et d’exiger les hommes nécessaires à toutes ces dépenses, mais qu’il ne leur est pas licite de négliger ces choses. A quoi on peut ajouter, qu’il leur est aussi permis d’employer tous les moyens d’adresse ou de force pour diminuer la puissance des étrangers qui leur est suspecte. Car ceux qui gouvernent sont obligés d’empêcher, de tout leur possible, que les maux qu’ils craignent n’arrivent à l’État.


IX. Or pour l’entretien de la paix au-dedans de l’État, plusieurs choses sont requises, comme il y en a plusieurs qui concourent (ainsi que je l’ai fait voir au chapitre précédent) à la troubler. J’ai montré en cet endroit-là, qu’il y a des choses qui disposent les esprits à la sédition et qu’il y en a d’autres qui les émeuvent et les exci­tent, c’est-à-dire, qui mettent ces dispositions en œuvre. Et entre celles qui disposent les esprits, j’ai donné le premier rang à certaines mauvaises doctrines. C’est donc du devoir des souverains de les arracher des esprits et d’y jeter de meilleures semences. Or doutant que les opinions ne s’insinuent pas dans l’âme par l’autorité de celui qui commande, mais par l’adresse de celui qui les enseigne ; et qu’elles n’ont pas besoin de menaces pour être persuadées, mais de raisons, claires et fortes ; il faut établir des lois