Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/305

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les conduire, de même que la nature n’a pas donné des bords aux rivières pour en arrêter, mais pour en diriger la course. La mesure de cette liberté doit être prise sur le bien des sujets et sur l’intérêt de l’État. C’est pourquoi j’estime que c’est une chose particulièrement contraire au devoir des souve­rains et de tous ceux qui ont droit de donner des lois, d’en établir plus qu’il n’en est absolument de besoin pour l’intérêt des particuliers, et pour celui de la république. Car les hommes ayant accoutumé de délibérer de ce qu’ils doivent faire, ou ne pas faire, plutôt en consultant leur raison naturelle, que par la science des lois ; lorsque celles-ci sont en trop grand nombre pour se bien souvenir de toutes et que quelques-unes défendent ce à quoi la raison ne touche point directement ; il faut de nécessité qu’ils tombent insciemment et sans aucune mauvaise intention, dans les lois, comme dans des pièges qui ont été dressés à cette innocente liberté, que les souverains doivent conserver à leurs sujets suivant les règles de la nature.


XVI. C’est une des grandes parties de la liberté innocente de la société civile et un point nécessaire à chaque citoyen pour bien et heureusement vivre, qu’il n’y ait aucunes peines à craindre, si ce n’est celles que l’on peut prévoir et attendre. Ce qui s’observe lorsque les lois n’en imposent aucunes, ou quand on n’en exige pas de plus grandes que celles