Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/304

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Or, comme de telles lois mènent aux fins susdites, c’est aussi du devoir des souverains de les établir.


XV. La liberté des sujets ne consiste pas en ce qu’ils soient exempts des lois de l’État, ou que les souverains ne puissent pas établir telles lois que bon leur semble. Mais, parce que tous les mouvements et toutes les actions des particuliers, ne peuvent jamais être tellement réglées, ni leur variété si limitée, qu’il n’en demeure presque une infinité qui ne sont ni commandées, ni défendues et que les lois laissent au franc arbitre des hommes, chacun est libre à leur égard, et la liberté de laquelle on jouit de ce côté-là, est cette partie du droit de nature, à laquelle les lois n’ont pas encore touché, et dont il nous reste l’usage. Sur quoi il m’est venu souvent en la pensée, que comme l’eau qui croupit dans les bords d’un étang se corrompt, ou si d’autre côté elle n’est retenue, elle se répand et coule par tout autant d’ouvertures qu’elle rencontre. Ainsi les sujets d’un État, s’ils ne se mancipaient jamais à des choses contraires aux lois, ils s’engourdiraient ; et s’ils les choquaient en toutes leurs actions, ils passeraient à une trop grande licence : mais tant plus de choses il y a que les lois laissent indé­terminées, d’autant plus étendue est la liberté dont ils jouissent. L’une et l’autre de ces extrémités est vicieuse : car les lois n’ont pas été inventées pour empêcher toutes les actions des hommes ; mais afin de