Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/322

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après cela, un sujet vient à oublier le droit du législateur, ou le sens de la loi, cet oubli n’empêche point qu’il ne soit tenu à obéir ; parce que la mémoire ne lui eût pas manqué, si sa volonté eût été bonne, et s’il eût été disposé intérieurement à l’obéissance que la loi naturelle lui ordonne et laquelle personne ne peut prétendre ignorer.


XII. La connaissance du législateur dépend du sujet ou du citoyen même ; car le droit de faire des lois ne peut être conféré à personne sans son consentement et sans une convention expresse ou sous-entendue. Elle est expresse lorsque les citoyens dès le commencement établissent entre eux une forme de gouvernement de la république, ou quand ils promettent de se soumettre au commandement d’un certain homme ; elle est au moins sous-entendue, quand ils se servent du bénéfice de l’empire ou des lois de quelque autre État pour leur protection et leur conservation contre les violences étrangères. En effet, lorsque nous demandons pour notre intérêt que nos concitoyens obéissent au commandement de quelque autre puissance que celle de notre État pro­pre, par cette demande, nous avouons que sa puissance est légitime. C’est pourquoi l’on ne peut jamais prétendre cause d’ignorance du pouvoir de faire des lois ; vu que chacun doit savoir ce qu’il a fait lui-même.


XIII. Mais la connaissance des lois dépend du législateur qui en doit faire la promulgation, sans