Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

laquelle ce titre ne leur conviendrait pas. Car, la loi est un com­man­dement du législateur ; or, un commandement est la déclaration de la volonté de quelqu’un. Ce n’est donc pas une loi si la volonté du législateur n’est pas déclarée ; ce qui se pratique en la promulgation. Cependant en la promulgation on doit être certain de deux choses, premièrement que celui ou ceux qui la font ont eux-mêmes le droit de dresser des lois, ou qu’ils l’empruntent de ceux ou de celui à qui il appartient ; et en deuxième lieu, on doit entendre le sens de la loi. Or, le premier point, à savoir que les lois promulguées partent du souverain, ne peut être connu exactement et d’une science infaillible, que de ceux-là tant seulement qui les lui ont entendues prononcer ; il faut que tous les autres s’en rapportent à eux et les croient ; il est vrai que les raisons de croire sont si fortes, que l’incrédulité en cette rencontre est presque impossible. Car, en un État populaire, où chacun a droit de se trouver, si bon lui semble, à la constitution des lois, les absents doivent ajouter foi à ceux qui ont été présents. Mais dans les monarchies et dans les États aristocratiques, parce qu’il y en a peu à qui il soit permis d’entendre en présence la volonté du roi, ou des principaux de l’État, il est nécessaire qu’on donne le pouvoir à ce petit nombre de la faire savoir à tous les autres, c’est-à-dire d’en faire la promulgation.