Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/344

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IV. Or, suivant la différence qu’il y a entre la parole de Dieu raisonnable et la parole prophétique, on attribue à Dieu deux sortes de règnes : le naturel, dans lequel il gouverne par les lumières du bon sens et qui s’étend généralement sur tous ceux qui reconnaissent la puissance divine, à cause de la nature raisonnable commune à tous les hommes et le prophétique, dans lequel Dieu règne aussi par la parole prophétique, mais qui est particulier, à cause que Dieu n’a pas donné à tous des lois positives, mais tant seulement à un peuple particulier et à certaines personnes qu’il avait choisies.



V. Au règne de nature, Dieu tire tout son droit de régir les hommes et de punir ceux qui enfreignent ses lois de sa seule puissance à laquelle il n’y a pas moyen de résister. Car, tout droit sur autrui vient de la nature, ou de quelque pacte. Au sixième chapitre, j’ai fait voir l’origine de ce droit de régner par la vertu du contrat ; et il naît de la nature, en cela même qu’elle ne l’ôte point, vu que la nature laissant à tous un droit égal sur toutes choses, celui que chacun a de régner sur tous les autres, est aussi ancien que la nature. Mais la cause pourquoi il a été aboli n’a point été autre que la crainte mutuelle, comme je l’ai démontré au chapitre II, art. III, la raison en effet nous dictant, qu’il fallait quitter ou relâcher de ce droit pour la conservation du genre humain ; d’autant que l’égalité