Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des hommes entre eux à l’égard de leurs forces et puis­sances naturelles était une source de guerre inévitable et que la ruine du genre hu­main s’ensuivait nécessairement de la continuation de cette guerre. Que si quelqu’un surpassait tellement les autres en puissance, qu’ils ne pussent pas, quoique ligués tous ensemble, lui résister, il n’y eût eu aucune raison pourquoi il se fût départi du droit que la nature lui avait donné. Il lui fût donc demeuré inaliénablement un droit de dominer sur tous les autres, qu’il n’eût dû qu’à l’excès de sa puissance, par laquelle il eût pu les conserver en se conservant soi-même. De sorte que le droit de régner vient à ceux à la puissance desquels on ne peut point résister et par conséquent à Dieu qui est tout-puissant, en vertu de cette même puissance. Et toutes fois et quantes que Dieu punit un pécheur, ou qu’il le fait mourir, bien qu’il le punisse à cause qu’il avait péché, on ne peut pas dire pourtant, qu’il n’eût point droit de le maltraiter, ou de le perdre, s’il n’eût été coupable. De plus, si la volonté de Dieu en châtiant peut avoir égard à quelque faute précédente, il ne s’ensuit pas de là, que le droit de punir ou de tuer ne dépend point de la puissance divine, mais dérive toujours du péché de l’homme.


VI. C’est une question célèbre parmi les controverses qui, de tous temps, ont été agitées et à laquelle se sont exercés les meilleurs esprits de l’Antiquité,