Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/356

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point avoir de cause et le monde n’en ayant aucune, on ôte à Dieu toute son existence. Que ceux-là pareillement ont des sentiments injurieux à ce souverain arbitre de l’univers, qui le plongeant dans la fainéantise et l’assou­pissant d’un morne loisir qui le prive de toute action, lui ôtent l’inspection des affaires humaines, et le gouvernement du monde. Car, quelque tout-puissant qu’ils le confes­sent, toutefois s’il n’a point de soin des choses d’ici-bas, qu’est-ce qui empêchera qu’on ne dise, suivant cette maxime ancienne, ce qui est au-dessus de nous ne nous touche point ; et n’y ayant aucun sujet de craindre ou d’aimer une divinité inutile, elle est certes à l’égard de ceux qui la font passer pour telle, comme dénuée de tout le fondement de sa subsistance. D’ailleurs nous remarquerons que, parmi les attributs qui signifient grandeur et puissance, ceux qui désignent quelque chose de fini et de déterminé ne sont point des signes d’une âme pleine de respect et de révérence ? d’autant que nous n’honorons pas Dieu dignement, si nous lui attribuons moins de grandeur et moins de puissance que nous ne pouvons lui en attribuer. Or, le fini est au-dessus de ce que nous pouvons, vu qu’il nous est très aisé de concevoir et d’ajouter toujours quelque nouveau degré de perfection à une chose finie. Cela étant ainsi, il ne faudra pas attribuer à Dieu aucune figure, parce que toute figure est déterminée ; et