Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/361

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Dieu seul. En effet, s’il y avait un homme à qui la malice de ses sujets ne pût demeurer cachée, et à qui aucune puis­sance humaine ne pût résister, il suffirait de lui donner sa parole, sans aucun serment qui l’accompagnât ; parce qu’il pourrait bien se venger si l’on venait à la rompre, et le serment ne serait pas nécessaire.

En cinquième lieu, parler de Dieu considérément ; car c’est une marque de crainte ; et la crainte est un aveu de la puissance. De ce précepte il s’ensuit, qu’il ne faut pas employer le nom de Dieu témérairement, ni le prendre en vain ; vu que l’une et l’autre de ces choses est pleine d’inconsidération ; qu’il ne faut pas jurer hors de besoin ; car cela serait en vain. Or, il est inutile d’en venir là, si ce n’est entre deux villes, pour éviter ou ôter les violences qui naîtraient nécessairement du peu d’assurance qu’on aurait aux promesses et dans les affaires particulières pour mieux établir la certitude des jugements. Pareillement, qu’il ne faut point disputer de la nature divine, car, l’on a supposé qu’au règne de Dieu par la nature, toutes nos recherches et toutes nos découvertes se font par la seule raison, c’est-à-dire par les seuls principes de la scien­ce naturelle. Or, tant s’en faut, que par eux nous connaissions la nature de Dieu, que même nous ne pouvons pas bien comprendre les propriétés de notre corps, ni de quelque autre créature que ce soit. De sorte que de toutes