Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/376

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dans l’âme sans écouter la raison et l’autre naît d’une certaine bonne opinion qu’on a de son raisonnement auquel un petit mélange de crainte ne donne point de retenue. C’est ce qui a été cause que la plupart des hommes sont aisément tombés dans l’idolâtrie, et que presque toutes les nations de la terre ont révéré la divinité sous des images et des représentations des choses finies, adorant des spectres et des fantômes, auxquels peut-être on a donné le titre de démons, à raison de la crainte qu’ils jetaient dans l’âme. Mais il a plu à la divine bonté, comme les Saintes Écritures nous l’enseignent, de choisir parmi le genre humain le fidèle Abraham, par lequel les autres hommes fussent instruits du service qu’ils devaient lui rendre. Dieu donc s’est révélé à ce père des croyants d’une façon extraordinaire, et a traité avec lui et avec la postérité cette si célèbre alliance qu’on a nommée le Vieil Testament, ou l’ancienne Alliance. C’est là le fondement de la vraie religion ; ce saint homme en a été le chef et le premier qui a enseigné après le déluge, qu’il y avait un Dieu créateur de l’univers. C’est en lui aussi qu’a commencé le règne de Dieu par les alliances. Sur quoi voyez l’historien des juifs Joseph au premier livre de ses Antiquités judaïques chap. vil. Il. Il est vrai qu’au commencement du monde, Dieu régna sur Adam et sur Ève non seulement par le droit de la nature, mais aussi