Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/390

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Il est manifeste que cette autorité fut toute entre les mains de Moïse tandis qu’il vécut. Car, s’il n’eût pas été interprète des lois et de la parole, cette charge eût appar­te­nu ou à chaque particulier, ou à une congrégation telle qu’était la synagogue, composée de plusieurs têtes, ou au souverain sacrificateur, ou aux autres prophètes. Mais en premier lieu, il est certain qu’aucun particulier ni aucune assemblée de personnes privées n’a pu jouir de ce privilège ; car tant s’en faut qu’on les eût reçus à cette interprétation, qu’elle leur fût très expressément défendue et avec de rigoureuses menaces. Les juifs ne pouvaient entendre la voix de Dieu que par la bouche de Moïse, comme il est porté au chapitre 19. de l’Exode verset 24. Que les sacrificateurs et le peuple ne rompent point les bornes pour monter vers l’Éternel, de peur que par aven­ture il ne se rue sur eux. Moïse donc descendit vers le peuple et le leur dit. D’ailleurs, que ni les particuliers ni aucune assemblée, ne dut prétendre que Dieu parlât par leur entremise et par conséquent qu’ils pussent avoir le droit d’interpréter la parole de Dieu, il est ouvertement et expressément déclaré sur le sujet de la sédition de Coré, de Dathan, d’Abiron et des deux cent cinquante des principaux de la synagogue ; car, comme ils prétendaient que Dieu ne se révélait pas moins par leur