Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à lui par songe. Il n’est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle en toute ma maison. Je parle avec lui bouche à bouche et il me voit de fait, et non point en obscurité, ni par représentation ; pourquoi donc n’avez-vous point eu peur de parler contre mon serviteur, contre Moïse ?

Enfin, on recueille que l’interprétation de la parole de Dieu n’a point été du vivant de Moïse en la puissance d’aucuns autres prophètes, de ce que j’ai déjà allégué de son excellence par-dessus tout ce qu’il y en a eu ; et d’un raisonnement naturel, qui est, qu’il appartient au même prophète qui apporte le commandement de Dieu d’en donner l’explication. Or, il n’y avait point alors d’autre parole de Dieu, hormis celle qui était annoncée par Moïse. Et de ce aussi, qu’en ce temps-là il ne parut aucun autre prophète qui prophétisât au peuple, excepté les septante anciens qui prophétisaient par l’esprit de Moïse ; ce que même Josué qui était alors son serviteur et qui fut depuis son suc­ces­seur, trouva mauvais, jusqu’à ce qu’il s’aperçût que cela se faisait du consente­ment de son maître ; l’Écriture sainte est expresse là-dessus, Nomb. Il. 25. Adonc l’Éternel descendit en la nuée et parla à Moïse, et mit à part de l’esprit qui était sur lui, et le mit sur ces septante hommes anciens. Et advint qu’aussitôt que l’esprit reposa sur eux, ils pro­phé­tisèrent. La nouvelle s’en étant répandue, lorsque Josué l’apprend,