Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/416

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être régis dès ici-bas, afin qu’ils persévèrent en l’obéissance à laquelle ils se sont obligés. Car ce serait en vain que le royaume céleste nous aurait été promis, si nous n’étions conduits en cette bienheu­reuse patrie ; mais comment y serions-nous conduits, si le chemin ne nous en était montré ? Moïse ayant institué le royaume sacerdotal, pendant tout le temps de sa pérégrination, jusqu’à ce qu’il entrât dans la terre de Canaan, bien qu’il ne fût point sacrificateur, gouverna toutefois et conduisit le peuple d’Israël. Pareillement, il faut que notre Sauveur (que Dieu a voulu en cela faire semblable à Moïse) en tant qu’en­voyé du Père, conduise en cette vie les sujets du royaume céleste qui est à venir, en telle sorte qu’ils y puissent parvenir et y entrer ; bien qu’à prendre les choses à la rigueur ce ne soit pas à lui, mais à son Père, que le royaume appartienne. Or, la régence de laquelle Christ gouverne les fidèles en cette vie, n’est pas proprement un règne, ou un empire ; mais un office de pasteur, ou une charge d’enseigner les hom­mes ; je veux dire que Dieu le Père ne lui a pas donné la puissance de juger du mien et du tien, comme aux rois de la terre, ni celle de contraindre par des punitions cor­po­relles, ni l’autorité de faire des lois ; mais celle de montrer et d’enseigner au monde la voie et la science du salut, c’est-à-dire de prêcher et d’exposer à ceux qui doivent entrer au royaume des cieux ce qu’ils auront à faire. Que Christ n’ait pas du