Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/453

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais de les remettre à celui qui ne se repent point, il semble que cela est à la volonté de Dieu le Père, duquel Christ a été envoyé pour convertir le monde et ranger les hommes sous son obéissance. D’ailleurs, si une telle autorité de remettre et de retenir les péchés, avait été donnée à chaque pasteur, toute la crainte due au magistrat et aux princes séculiers serait ôtée, et par même moyen, tout le gouvernement politique serait renversé. En effet, Jésus-Christ dit, et la nature même enseigne ce que nous lisons en l’Évangile, selon saint Matthieu, chapitre X. 28. Ne craignez point ceux qui tuent les corps et ne peuvent tuer l’âme, mais plutôt craignez celui qui peut détruire l’âme et le corps en la géhenne. Et il n’y a personne si stupide ou de qui la raison soit si dépravée, qu’il n’aimât mieux obéir à ceux qui peuvent pardonner ou retenir les péchés, qu’aux plus puissants rois de la terre. Cependant, il ne faut pas tomber dans une autre extrémité qui ne serait pas moins vicieuse, ni penser que la rémission des péchés ne soit autre chose qu’une simple exemption des peines ecclésiastiques ; car quel mal a, je vous prie, l’excommunication, si vous en ôtez la conséquence d’une punition éternelle ; ou quel bien y a-t-il d’être reçu dans l’union de l’église, si l’on pouvait trouver hors d’elle le salut éternel  ? Il faut donc croire fermement que les pasteurs et ministres de l’Évangile ont la puissance de vraiment et absolument remettre,