Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/466

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Or, afin que nous sachions, que l’autorité d’expliquer la parole de Dieu, c’est-à-dire de soudre toutes les questions qui regardent la divinité et la religion, n’appartient à aucun étranger, il faut examiner préalablement de quelle importance elle est dans l’esprit des sujets et quel branle elle donne aux actions politiques. Personne ne peut ignorer, que les actions volontaires des hommes dépendent par une nécessité naturelle de l’opinion qu’ils ont touchant le bien et le mal, les peines et les récompenses. D’où il arrive, qu’ils se disposent nécessairement à toute sorte d’obéissance envers ceux desquels ils croient qu’il dépend de les rendre éternellement bienheureux, ou éternellement misérables. Or, les hommes attendent leur félicité ou leur ruine éternelle de la volonté de ceux au jugement desquels ils se rapportent pour savoir quelles doctrines il faut croire et quelles actions il faut pratiquer nécessairement, si l’on veut être sauvé. De sorte que ce n’est pas de merveille, s’ils sont disposés à leur obéir en toutes choses. Ce qui étant ainsi, il est très évident que les sujets qui s’estiment obligés d’acquiescer à une puissance étrangère en ce qui regarde les doctrines nécessaires au salut, ne forment pas un État qui soit tel de soi-même, et se rendent vassaux de cet étranger auquel ils se soumettent. Et, par conséquent, encore qu’un prince souverain eût