Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/467

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cédé à quelque autre par écrit une telle puissance (bien entendu néanmoins qu’il eût voulu retenir toute son autorité politique) ; la transaction demeurerait invalide et il n’aurait transigé d’aucune prérogative nécessaire à une bonne administration de son Empire. Car, par l’art. 4. du chap. II. personne n’est dit transférer un droit s’il ne donne des signes recevables et des marques suffisantes de la volonté qu’il a de transiger. Mais comment aurait donné des preuves assez fortes du transport qu’il fait des moyens nécessaires pour exercer la souveraineté, celui qui a déclaré ouvertement, qu’il n’avait pas intention de s’en départir ? Ainsi l’écrit sera de nulle valeur, et la transaction ne marquera pas tant la volonté, que l’ignorance des contractants. En deuxième lieu, il faut considérer combien il est absurde, qu’un État ou qu’un souverain donne la direction des consciences de ses sujets à un sien ennemi. Or, est-il que tous ceux qui ne sont pas réunis en une seule personne, sont entre eux en un état d’hostilité, comme je l’ai démontré ci-dessus chap. v. art. 6. Et il n’importe qu’ils ne soient pas occupés perpétuellement à combattre (car il se fait quelquefois des trêves entre les ennemis), il suffit pour avoir l’âme disposée à l’inimitié, que la défiance règne dans les esprits, qu’on garde les murailles des villes, qu’on mette des garnisons dans les places frontières, qu’on se tienne sur la défensive, qu’on aille